Projection privée

 


J'ouvre un œil, des nuits que je n'avais pas dormi comme un bébé. 

La posture de l'étoile de mer a été salutaire et m'a permis de supporter la compagnie des moustiques. La fenêtre de toit est entrouverte et l'aube garnie de chants d'oiseaux s'y engouffre.

J'ouvre un œil, m'étire et roule vers le mur, repoussant les draps, plantant mon regard sur notre vieille tapisserie.

Petit cœur doré. 

Il est là, pareil aux merveilles qui s'animent sur les pierres des églises quand le solstice invite le soleil dans les vitraux. Les bâtisseurs des cathédrales ont savamment orienté les vitres et les pierres pour faire danser la lumière et révéler quelques secrets. Ma bâtisse n'est pas cathédrale mais simple foyer, mon donjon est une mansarde avec vue imprenable sur le ciel, voisins bruyants et concert urbain quotidien.

Mais l'amour imbibe nos murs, nos voix s'y répercutent et remplissent l'air, on y égrène des tas de dates anniversaires. Nous habitons un temple érodé dont les fenêtres se grippent et projettent en silence des petits bouts d'amour offerts aux courageux d'avant 7 heures, comme un clin d'œil à nos sacrés mois d'août. 

Un signe ?

Je crois que c'est une erreur d'en chercher partout comme des réponses.

Mais un encouragement, peut-être.

Désormais c'est ainsi que je perçois ces interprétations de l'esprit qui peuvent passer pour des signaux. Nous sommes détenteurs de notre libre-arbitre et il ne tient qu'à nous de valider nos choix, de les faire en tout alignement. En écoutant non pas l'inespérée réponse d'un monde surnaturel mais bel et bien l'intuition qui sommeille en chacun de nous et qui s'exerce au gré de nos chemins.

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