Le mardi soir
L'article du jour est un peu particulier. Ce n'est pas moi qui l'ai écrit, mais l'homme.
Et cette ode à nos mardis soirs, je la trouve absolument magnifique.
Le mardi soir, la
mécanique implacable de l’horloge-semaine s’est mise en route
depuis plus de quarante huit heures. Mais étrangement, son
cliquetis se fait moins bruyant, parfois il est même inaudible. Le
mardi soir n’aime pas trop faire de bruit de peur que les autres
soirées découvrent son existence. C’est un oasis de silence dans
le désert assourdissant de la semaine. Caché entre les inéluctables
deux premiers jours et celui des enfants (qui, au regard de la
fatigue parentale à la fin de cette journée, porte très bien son
nom !), il est à l’endroit parfait. Dans l’entre-temps.
Le mardi soir est un de
ces instants où, de manière quasi invisible, l’air ambiant
s’imprègne de magie; la magie du contre-sort.
Vers dix huit heures,
après être rentré du travail, l’un d’entre nous ira chercher
les courses accompagné d’un ou deux de nos petits bouts. On
mangera les restes de quiches d’hier soir pour le souper. Avec un
peu de salade et de fromage, ça fera très bien l’affaire. Mieux,
ce sera parfait ! Le mardi soir, on n’a ni le temps, ni
l’envie de préparer un vrai repas du lundi.
Puis, presque comme tous
les soirs, vers vingt heures, on ira coucher les enfants, on pourrait
leur donner un bain mais ce soir ce sera plutôt une douche, on verra
demain pour le bain, on aura plus le temps...
Doucement,
imperceptiblement, les rituels familiaux, parfois semblables aux
tables de la Loi, sont bouleversés. Une minuscule faille est apparue
dans le pentagramme hebdomadaire et nous nous y engouffrons avec un
plaisir non feint.
On mettra les enfants en
pyjama, on lira l’histoire, on chantera les chansons et ils
s’endormiront presque comme chaque soir...
Demain, ton travail est
à la maison. On sait qu’on pourra dormir un peu plus tard et même
si les enfants ne nous en laissent pas vraiment l’occasion, ça
reste possible.
Presque comme chaque
soir, nous nous mettrons dans le canapé où nous dégusterons un thé
ou un alcool, juste un peu plus lentement. Nous lirons des passages
des livres qui nous plaisent en écoutant de la musique, juste un peu
plus longuement. Sachant qu’on se couchera un peu plus tard que
d’ordinaire, nous étirerons une à une les minutes afin que le
temps s’écoule un peu moins vite.
Le bonheur du mardi soir
est souvent fait d’un amoncellement de petits plaisirs presque
anodins. Il se niche dans les «presque comme » et dans les «
un peu ».
Et puis parfois, sans
raison autre que le hasard du jour, le sujet de discussion ou la
beauté du temps, le mardi soir se transforme en explosion de
l’inattendue, en conflagration de l’imprévisible. Guidés par
l’impérieuse nécessité de se savoir en vie, sur un coup de tête,
pariant contre nos propres capacités, on décide d’aller
pique-niquer sur la plage, de courir sur le sable en faisant semblant
d’éviter les vagues, de chercher des cailloux-souvenirs que l’on
pourra ramener comme trésors. Et l’on goûte au plaisir de rouler
dans la douceur de la nuit, les enfants endormis à l’arrière de
la voiture et ta main posée sur la mienne dans le silence de
l’habitacle. Dans ces heures apaisées, à l’abri du monde, on
sait que l’utopie n’existe pas. Jeudi est encore loin.
Le mardi soir est un
amuse-bouche de week-end qui a le double goût de l’antédimanche
soir.
C'est un vrai poète ton homme ;-) Je comprends tout à fait ce qu'il veut dire dans son joli texte sur le mardi soir. Bon après, nous on n'a pas d'enfants, donc pas de rituels calqués sur le rythme scolaire. Ce qu'on apprécie c'est le vendredi soir quand le rythme de la semaine se détend d'un coup et qu'on sait qu'on aura 2 jours pour nous, rien que de le savoir c'est vrai que ça détend ! Bises
RépondreSupprimerCe texte est magnifique!
RépondreSupprimerPour nous, le mardi soir est semblable à tous les autres soirs!
Superbe texte. Un plaisir à lire ��
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