Eloge de la lenteur

Je me demande si c'est le camping qui a été le déclic. Ou si c'est finalement une suite logique de ma démarche zéro déchet. Ou encore si c'est lié à ma "crise" familiale récente.

Dans tous les cas, cette rentrée des classes 2016 a été marquée par une petite révolution, une quête, un changement, à peine perceptible parfois, mais essentiel. Depuis quelques semaines, nous sommes à la maison dans ce que j'appelle l'éloge de la lenteur.

Nous sommes dans une société où tout va très vite. Trop vite. On grille un feu rouge pour gagner deux minutes sur un trajet. On râle quand on attend au drive. On trouve que les 90 secondes de préchauffage de la Senseo sont trop longues, parce qu'on veut un café instantané. On mange des plats prêts en 2'30" au micro-ondes parce que c'est trop long de se faire cuire un œuf. On achète des robots de cuisine qui coûtent un mois de salaire parce qu'on aura rien à faire et que le bourguignon sera prêt en 20 minutes. On s'inquiète quand un enfant ne tient pas assis à 6 mois, debout à 8, et qu'il ne court pas à un an. Tout doit aller vite.

Combien de fois par jour disons-nous "dépêche-toi" à nos enfants ?

L'an dernier, j'étais arrivée à un stade assez proche du craquage nerveux, à cause, notamment, de la folle course quotidienne. Se lever à 6h40, et avoir deux enfants nourris et habillés prêts à monter dans la voiture avec une maman fraîche et pomponnée à 7h40. La bonne blague !

Depuis la rentrée, je me lève à 6h, volontairement. Oui oui. Parce qu'ainsi, de 6h à 6h30, je me pose seule dans le salon avec mon café, je prends mon petit-déj, et je me réveille, doucement, tranquillement. Et c'est juste délicieux.

Notre mode de vie zéro déchet nous a fait revoir l'utilisation de nos appareils électro-ménagers. On n'a plus de cafetière à dosette, mais juste une cafetière italienne à poser sur le gaz. Faire un café prend désormais 5 minutes au lieu d'une minute 30, et à vrai dire, on ne s'en porte pas plus mal. On a viré le micro-ondes, cet appareil énorme censé faire tout plus vite, et qui nous servait essentiellement à réchauffer des choses, à tiédir le lait des enfants... On utilise une casserole désormais, et ça va trois fois plus vite, finalement, ahah. On fait beaucoup de plats maison, on fait mijoter des blanquettes, des pots-au-feu, on prépare des gâteaux, et oui, ça vaut le coup de s'embêter : pour mieux manger, se régaler, et savoir la qualité et la valeur de ce qu'on a dans la bouche. 

Je prends plaisir à tricoter, à crocheter, à coudre, parce que ça prend du temps, et que le temps passé sur les ouvrages leur donne toute leur valeur, toute leur préciosité. C'est bon de retrouver le "vrai temps" des choses, de ne plus grappiller des minutes sans intérêt sur une journée de 24 heures. 
On a aussi enlevé la télévision, si chronophage. Et bien vous savez quoi ? Elle ne manque à personne, pas même aux enfants, qui ont dû mettre une journée à se sevrer tout au plus. Du fait,on redécouvre nos rythmes biologiques : on attend pas la fin de tel épisode pour aller au lit, on y va quand on est fatigués, on se couche au final une heure plus tôt en moyenne alors qu'on a l'impression d'avoir profité dix fois plus de notre soirée, parce qu'on a parlé/lu/écouté de la musique/tricoté, etc.

Avec les enfants, on prend aussi le temps de s'occuper de petites plantes. Faire des boutures, les mettre dans l'eau, attendre qu'il y ait des racines pour les repiquer. Planter un petit pois, attendre une semaine pour qu'il sorte de terre, trois pour que le plants fortifie.

Je crois que c'est essentiel de donner à nos enfants la notion du vrai temps des choses, oui. Tout n'est pas instantané, les repas qu'on mange ont demandé un temps considérable pour que les légumes poussent, pour que quelqu'un les nettoie, les cuisine. Les vêtements qu'on porte on été conçus, cousus ou tricotés par des gens. Alors on prend conscience seulement du gaspillage qui nous entoure, et on apprend à apprécier ce qu'on possède, ce qu'on fabrique, on apprend à patienter, à bichonner.

Ce n'est pas un drame, d'attendre. C'est nécessaire. Rien n'existe sans attente.

Commentaires

  1. Bravo !! J'aimerai aussi réussir à lourder la télé mais j'arrive pas... c'est comme une drogue : je sais que c'est mauvais mais je ne peux pas m'en empêcher.....

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    1. Le plus difficile, ce sont les premiers jours sans ;)

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  2. A la maison on est plutôt dans le slow life aussi: pas de machine à café mais une bonne vieille cafetière, plus de bouilloire électrique, pas de micro-onde non plus...Par contre on a la TV, et je n'arriverais pas trop à m'en passer, je l'avoue!

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    1. C'est déjà vachement bien d'avoir fait tout le reste, tant pis pour la télé ;)

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  3. Ton article est plein de sagesse, ça m'a fait du bien de le lire.
    Il m'a rappelé cette citation du Petit Prince "C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante".

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    1. Merci à toi ! Et merci pour la piqûre de rappel du petit Prince, c'est vrai que cette citation est superbe et juste

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  4. oui et quand je vais plus lentement je me remplis de bien-être.ton article fais échos à la vie que j'aime :)

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    1. Heureuse que tu te retrouves dans cet article alors ! Merci !

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  5. Cafetière italienne ici aussi et pas de micro ondes depuis 10 ans. Par contre j'ai un seul robot et j'apprécie son aide pour cuisiner ;)

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    1. Je pense qu'il faut se demander quelle utilisation on fait des choses en effet ! Ici, on a une yaourtière et une machine à pain, mais on les utilise plusieurs fois par semaine donc leur possession est justifiée !

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