Mon roman, du manuscrit à l'édition : l'envers du décor

Le contrat est signé, la couverture est conçue, les dates de dédicaces commencent à être planifiées, bref, c'est parti, mon roman sortira bientôt en librairie.

Comment s'est déroulé mon parcours éditorial ? 
Vous avez été quelques unes à me poser la question, alors je reviens aujourd'hui sur ces quelques mois pendant lesquels mon manuscrit est devenu peu à peu un vrai livre.


Mars 2018 : Les premiers envois


J'ai commencé les envois de manuscrits au début du mois de mars 2018. J'ai ciblé essentiellement des "gros éditeurs" parisiens, pour ne pas regretter. Mais aussi quelques éditeurs plus modestes, dont un de ma région.

A l'époque, c'était vraiment le bazar dans ma tête. Vous ne me croyez pas ? Filez lire ou relire cet article écrit à chaud, intitulé "Chroniques d'un nanar".
C'était une sacrément bonne idée de garder une trace de mes émotions du moment.

A ce moment-là, on embarque pour trois, six, neuf, peut-être douze mois d'attente. De quoi finir momifiée devant sa boîte aux lettres. Mais il en va ainsi, les maisons d'édition reçoivent des tonnes de manuscrits chaque année.

D'avril à juin, les lettres de refus sont arrivées à tour de rôle dans ma boîte. Je m'y étais préparée : 90 % d'entre elles n'étaient pas argumentées.


Juin 2018 : L'auto-édition


En juin, une idée me vient en lisant des articles sur la façon dont quelques auteurs contemporains ont été découverts. Agnès Martin-Lugand, Sophie Tal Men, Aurélie Valognes, Laure Manel, elles sont toutes éditées aujourd'hui, elles sont toutes passées par l'auto-édition d'Amazon.

Jusque là, pour moi, l'auto-édition, c'était une arnaque, un truc obscur où on devait débourser des milliers d'euros pour avoir un carton rempli de bouquins qu'on ne vendrait jamais au grenier. 

Avec Amazon (et je sais qu'Amazon est très loin d'être éthique, mais ce n'est pas ici le débat), je découvrais la possibilité de diffuser mon texte en ebook ou au format papier, sans débourser un euro. Les ouvrages sont imprimés à la demande, et les retours financiers sur les ventes sont très très corrects. Je réalise alors que pour tester mon texte, je tiens là une solution assez facile d'accès. C'est un moyen de donner une chance à mon texte de vivre, juste pour les vacances d'été, alors qu'il se balade encore dans des tiroirs de maisons d'édition.

Mais à ce moment-là, je ne suis pas prête à m'afficher au grand jour : pour l'instant, aucun éditeur ne veut de moi, et même si les retours des bêta-lecteurs sont positifs sur mon texte, ils viennent tous ou presque de gens que je connais. Je me trouve donc un pseudo pour diffuser le roman de façon assez discrète, et j'en parle à ma famille ainsi qu'à mon réseau de blogueuses. Si c'est un flop, le risque est minime.

En toute transparence, je peux vous dire que j'ai vendu, en 36 jours, 44 exemplaires. J'ai reçu 11 commentaires 5 étoiles assez élogieux. Une réelle belle surprise, des mots très doux reçus sur mon travail. C'était assez déroutant pour moi, qui ai un peu beaucoup le syndrome de l'imposteur, de savoir que les gens avaient aimé.
C'est à partir de cette étape que j'ai compris que ce qui m'importait, ce n'était pas le prestige, les flonflons, mon nom en gros sur une affiche. C'était de permettre à mon histoire d'être lue, offrir mes personnages à des lecteurs qui les feraient vivre dans leur imagination, partager ma vision du monde et ma façon d'écrire. 


Juillet 2018 : Réponse positive d'un éditeur


Si mon texte n'est resté que 36 jours sur Amazon, c'est tout bonnement parce que le 16 juillet, je recevais le coup de fil d'un éditeur.
Je vous passe le moment "j'ai le souffle coupé, je vais décéder", d'autant plus drôle que le monsieur au bout du fil avait des soucis de réseau (genre "je passe dans un tunnel") et que je ne comprenais pas très bien si c'était un oui ou un non au final.
Mais c'était bien un oui !

Je précise que je n'ai pas été contactée grâce à l'auto-édition, mais simplement sur la lecture de mon manuscrit. Comme quoi, c'est tout à fait possible !
Par ailleurs, quand j'ai annoncé à l'éditeur que j'avais fait cette démarche, ça n'a pas été un frein à la publication : les 11 avis super positifs ont été des arguments en faveur de la bonne réception du livre.

D'un commun accord, mon ouvrage a été retiré d'Amazon alors que je donnais mon accord de principe pour une parution début 2019. Puis tout le monde est parti en vacances, on referait le point fin août.

Ce mois de break a été réellement salutaire puisqu'il m'a permis de digérer la nouvelle. Même si elle était excellente, m'engager auprès d'un éditeur supposait de céder mes droits (édition à compte d'éditeur, c'est le cas de tous les éditeurs sérieux), cela supposait aussi d'accepter de m'investir dans la promotion du roman, et donc d'être un peu dans la lumière, être découverte par mes collègues de travail, etc. Par ailleurs, j'ai pris ce mois de réflexion pour me décider au sujet du nom d'auteur que j'allais utiliser. Est-ce que je continuais avec le pseudo, ou bien est-ce que je prenais mon vrai nom ? Mon nom de jeune fille ou d'épouse ou les deux ? Des questionnements qui paraissent anodins mais qui ne le sont pas du tout.


Septembre - Novembre 2018 : la patience


Je crois que je peux dire avec le recul que la prise de contact avec la maison d'édition est arrivée au mauvais moment. Outre la rentrée littéraire et la sortie de livres qui a bien occupé l'éditeur, la société était en pleine réorganisation début septembre et je me suis retrouvée un peu perdue au milieu d'un petit cafouillage, avec un changement d'interlocuteur, notamment. Je suis restée un petit moment dans informations, avec l'impression que le projet stagnait. Mon contrat n'était pas encore signé, ce qui m'a valu quelques sueurs froides.

Aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre. J'ai signé mon contrat, la couverture est conçue, la date de sortie est actée, et je recevrai sous peu les épreuves à corriger avant impression.

En juillet, je n'imaginais toutefois pas qu'il faudrait attendre novembre pour que tout cela se concrétise. J'ai appris la patience et il est indéniable que cette expérience est déjà formatrice.

Ce que l'édition va changer


J'aurais tout à fait pu continuer mon chemin par le biais de l'auto-édition et garder ma liberté. J'ai accepté la publication chez un éditeur pour plusieurs raisons :

- Il est compliqué d'être vendu en librairie quand on est auto-édité. Cela suppose de créer son entreprise, ce qui est complexe sur le plan administratif et légal quand on est fonctionnaire comme moi.

- Grâce à l'édition, mon texte va être diffusé et fera l'objet d'une communication supplémentaire comparée à celle que j'aurais pu faire moi-même. Même si ce n'est pas "magique", dans le sens où l'auteur doit tout de même s'impliquer dans la promotion de son livre, il est indéniable qu'être édité donne une visibilité supplémentaire au texte.

- L'édition donne de la légitimité au texte. Un éditeur, qui plus est un éditeur solide financièrement, prend le risque d'engager de l'argent pour vendre mon livre, ça suppose qu'il y croit, en tout cas qu'il trouve que le texte est bon et peut trouver son lectorat.

- Mon éditeur, LBS éditions, est basé à Lille et entretient des contacts privilégiés avec les libraires de ma région, ce qui va me permettre d'effectuer un bon nombre de séances de dédicaces près de chez moi. C'est un excellent moyen d'aller à la rencontre de mes lecteurs, j'ai vraiment hâte ! (D'ailleurs, l'agenda des dédicaces est ici). Je salue au passage Michaël, qui gère cet aspect des choses avec efficacité et sympathie !


Malgré tout, il y a, comme dans tout choix, des compromis à faire. Il faut accepter de toucher des droits d'auteur modestes sur une première publication, de ne pas avoir le contrôle absolu sur toutes les étapes de conception du livre (la couverture par exemple). C'est une façon de faire le tri aussi entre ce qui compte vraiment, et ce sur quoi on peut lâcher prise. L'édition reste un processus de coopération. Et si ça se passe bien, tout le monde y gagne !

Merci à ceux qui auront pris le temps de lire ce pavé, je crois que c'est important de démystifier un peu le monde éditorial.

Et puis si le cœur vous en dit vous pouvez en lire un peu plus ici.

A bientôt !


Commentaires

  1. Je te l'ai déjà dit cent fois mais je te félicite. Ton roman est génial et je suis certaine que tu trouveras très rapidement ton public.

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  2. Quel parcours!
    Je te souhaite le meilleur avec ce premier roman, que je découvrirais avec grand plaisir en janvier prochain.

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  3. Bravo ! Quelle chouette aventure ! J'ai beaucoup de respect pour toi Longue et belle vie à l'Aubépine :)

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  4. Merci pour cet article, c'est toujours intéressant de voir l'envers du décor :) Je te souhaite le meilleur pour la sortie de ton roman (et j'espère qu'on aura un petit article pour raconter cette facette-là aussi !).

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