Transmetteuse ou transmettrice ?

A mesure que le temps passe, que je construis mon expérience et que j'évolue sur mon chemin personnel, je saisis le cœur de ce qui fait sens pour moi : la transmission.

Transmettre, c'est acheminer un message. C'est aussi léguer un patrimoine.

Dans ce verbe réside l'idée du passage : une action en mouvement, l'intention d'être le pont entre une connaissance, une information, un message, et un être.

 

Dans transmission, il y a mission. 

J'ignore si l'on me l'a confiée ou si je me la suis attribué, quoi qu'il en soit, la mission de transmettre me tient à cœur et me convient bien. 

J'aime penser que je suis le fil conducteur qui permet à des mots ou des images d'entrer en résonance avec le cœur de quelqu'un d'autre. J'aime devenir, par ce que je crée, par celles et ceux que je relie, un vecteur d'émotion, de compréhension, de réflexion. Une messagère qui distribue des clés permettant à chacun d'ouvrir de nouvelles portes pour élargir son horizon.

Que suis-je alors ? Une transmetteuse ? Une transmettrice ?

Le substantif n'existe qu'au masculin. Un transmetteur. N'est-ce pas un peu surprenant, quand on sait à quel point les femmes, dans leur famille, jouent ce rôle essentiel de transmettre les histoires, le linge, la vie, le sang ?

Seul l'adjectif s'emploie au féminin et hésite entre transmetteuse ou transmettrice. Au moment même où j'écris ces mots, mon correcteur automatique souligne transmettrice : pour lui, cette forme n'existe pas.

Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, référence s'il en est, ne trouve ni l'une, ni l'autre dans son moteur de recherche. Seul le suffixe "-trice" est suggéré pour le féminin de l'adjectif.

 

Qu'importe, au fond. 

Autrice, si mal aimé, est revenu sur le devant de la scène et concurrence écrivaine (pas si vaine).

Je choisis transmetteuse, qui sonne comme amoureuse, et dès à présent je l'utilise.Le terme est validé par un dictionnaire : l'officiel du Scrabble. Soyons joueuses.

Je suis une transmetteuse.