"Espoirs", Prix de la création étudiante des CROUS

Devenir Jury d'un prix d'écriture, voilà qui fait rêver nombre de lecteurs et sans doute tous les auteurs, non ?

Depuis 2022, le CROUS de Lille me sollicite pour faire partie du jury du concours d'écriture de nouvelle, dans le cadre des Prix de la Création Etudiante
Ce concours récompense des lauréats au niveau régional (par Académies) puis au niveau national, grâce à des jurys composés de membres de la communauté universitaire travaillant dans la culture, d'enseignants, d'auteurs et de professionnels du monde du livre. 

Si la lecture solitaire des textes permet souvent de dégager quelques coups de cœur, la délibération nous confronte à une réalité indissociable de la littérature : la diversité des plumes, des genres littéraires et des sujets abordés rend la réception des textes tout à fait subjective. Chacun lit à la lumière de ses goûts, de sa sensibilité, de sa bibliothèque personnelle, de ses exigences stylistiques...

Dans cette expérience de jury, je retrouve ce qui m'animait quand j'étais étudiante : décortiquer des textes, analyser leur structure, leur richesse, leur style, être émue parfois, se laisser porter par le pouvoir des mots.

Juger un texte peut paraître facile a priori : c'est bon, c'est mauvais, ça me touche, ça me laisse de marbre, il y a des fautes, c'est bien écrit...
Mais lorsque nous nous retrouvons en groupe et confrontons nos points-de-vue souvent assez différents, il est nécessaire de nous mettre d'accord sur des critères de notation et d'argumenter nos choix. 

En ce qui me concerne, j'essaie au maximum de penser à l'humain(e) qui a produit le texte. 

Quelle était son intention ? Où a-t-il/elle voulu nous mener ? Malgré les fragilités parfois du texte, quels conseils pourrions-nous lui donner pour l'encourager à persévérer ? Quelles qualités peut-on dégager de son travail ? 

En tant qu'autrice, j'ai éprouvé la difficulté d'être lue, la crainte du jugement, la difficulté d'évaluer mon propre travail. J'ai essuyé des remarques parfois acerbes qui auraient pu me faire arrêter d'écrire. 

Un texte est une production réalisée à un moment donné, dans un contexte donné. Il ne définit en rien une personne pour toute sa vie. Un mauvais texte, si tant est que nous soyons légitimes pour le qualifier de mauvais, ne fait pas de son auteur un mauvais écrivain à tout jamais.

J'ai toujours envie de saluer le courage des étudiant(e)s qui ont osé se lancer, osé écrire, osé se faire lire. Il n'y a que de cette manière que l'on avance, que l'on progresse. Il est bien aisé de juger quand on n'a soi-même jamais rien écrit !

Cérémonie de remise des prix, CROUS de Lille, juin 2024.

Cette année, j'ai eu la chance d'être choisie comme présidente du Jury régional par le CROUS de Lille mais aussi comme présidente du Jury national. Je suis enchantée des discussions animées et argumentées qui nous ont permis, à mes collègues et moi, de mener à bien les délibérations et de retenir trois textes brillants.
J'espère avoir apporté ma pierre à l'édifice de façon constructive et positive. Je me sens en tout cas très reconnaissante d'avoir pu poser mon regard sur les textes de nos étudiants. C'était une incroyable façon de me connecter à la jeunesse, à ses espoirs, à ses envies, à son talent !

Les jeunes n'écrivent plus ?

Détrompez-vous ! 

Elles* écrivent et elles écrivent bien !


(*Je choisis volontairement le féminin pour saluer l'écrasante majorité de femmes qui participent à ce concours.)






Commentaires